Le
Fantôme de Veauce |
Le vent arrache des gémissement au grand Cèdre
plusieurs fois centenaire ; il siffle aigrement en se faufilant
entre les créneaux ; aux angles des toitures il accroche
comme un halètement plein d’angoisse.
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Tout là-haut
dans le ciel que déchire parfois un sourire de lune ou
le pâle clin d’œil d’une étoile,
de lourdes nuées roulent en s’accrochant d’
un horizon de créneaux à un autre horizon de créneaux.
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On se croirait captif
d’un kaléidoscope fantasmagorique. |
Alors si Veauce ne
vous effraie point, si au contraire, Veauce vous émeut,
alors seulement vous risquer de rencontrer la Dame Blanche.
Des écrits fort anciens mentionnent déjà
sa présence en ces lieux. |
Lucie, ainsi se nomme le fantôme de la citadelle,
était issue d’une famille noble mais totalement
désargentée.
Voilà pourquoi toute jeune et sa seule beauté
pour viatique, elle se retrouve au service du haut et puissant
Seigneur Guy de Daillon, Sire de Veauce.
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On dit que le charme,
l’innocence et la grâce de la jeune fille ne laissèrent
pas indifférent le Seigneur Daillon.
On précise même que lorsque
ce dernier revenait d’une chasse, il avait pour habitude
de lui offrir ces plus beaux trophées à la belle
enfant, belle mais pauvre. |
On dit aussi, et c’est
naturel, que le légitime épouse du château
n’appréciait pas particulièrement ce genre
d’hommage rendu à jeunesse et beauté autre
que le siennes. Ressentiment fort humain… et féminin.
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